Les panneaux muraux de Carl Schuller
Joseph-Carl-Paul SCHULLER (1852- 1920)
Carl Schuller est un artiste majeur de la décoration naturaliste. Il fit un séjour court mais créatif à Longwy. Auteur des plus belles réalisations murales en carrelage, plusieurs de ses panneaux, dont trois de 2,40m de haut, sont exposées à l'abbaye des Prémontrés dans le cadre de l'exposition "Les émaux, l'or bleu de Longwy".
L’artiste est âgé d’environ 46 ans lors de son arrivée à Longwy (vers 1898 ?), il est en pleine possession de son art, cet excellent dessinateur est rompu à la tradition du dessin documentaire académique. Il impose une interprétation graphique personnelle à ses compositions. Toujours très structurés et basés sur une perspective savante, les sujets sont organisés autour d’une construction linéaire que peu de dessinateurs ont été capables de maîtriser, ainsi cette vision spatiale conserve un effet très naturaliste au sujet.
Artiste peintre originaire du Haut-Rhin, il étudie la peinture auprès de Damoye et de Benner, expose au Salon et collabore avec le céramiste E. Landry à partir de 1880. En 1888, il est membre de la Société des Artistes français puis il reçoit une médaille de bronze lors de l’Exposition Universelle de 1889. Actif chez Schopin à Montigny-sur-Loing en 1880, il se spécialise dans les décors par engobes polychromes vernissés (dit « barbotines »), associant souvent fleurs et oiseaux. Sa collaboration avec le peintre Landry est attestée par leur signature apposée sur des vases monumentaux à sujets naturalistes. La Revue des Arts décoratifs relate en 1893 la participation de Schuller pour la réalisation d’un vitrail destiné au Musée du Luxembourg. Il est appelé peu après par les frères d’Huart de Longwy où, après 1901, la manufacture change de raison sociale ; il y réalise et signe ce que l’on peut considérer comme les grands chefs-d’œuvre de cette époque, les panneaux muraux « l’Été », « l’Automne », « le Printemps » (« l’Hiver » n’est pas connu) dont la technique composite est d’une exceptionnelle qualité de rendu pictural. Leur maîtrise d’exécution est telle qu’ils sont supposés être exécutés de sa main, et non comme cela était souvent le cas à l’époque, réalisés par un praticien d’après un carton.
Dans ses grandes compositions aux perspectives toujours parfaitement et subtilement dessinées, sa virtuosité à jouer des effets chromatiques et son habileté à traiter le graphisme du cloisonné de l’émail ont été rarement égalés, si ce n’est par Lachenal chez Théodore Deck. En 1898, le Lorrain Henry Boucher, ministre du Commerce et de l’Industrie, en visite protocolaire à la faïencerie, s’émerveille sur ses essais de panneaux décoratifs sur carrelages dont plusieurs, inédits, sont présentés lors de l'exposition "Les Emaux, l'or bleu de Longwy" de l’Abbaye des Prémontrés. Vers 1902/1903, Carl Schuller est appelé à collaborer avec la manufacture de Sarreguemines pour qui il crée d’importants panneaux muraux pour le Salon d’Hiver de l’immeuble de la Direction.